Charentonneau

Les manifestations des associations du quartier de Charentonneau

Vendredi 11 février 2011 de 14h à 19h 4 février 2011

Filed under: Val-de-Marne — cgma @ 12:00
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Pour la deuxième année consécutive, nous avons le plaisir de vous informer que la médiathèque de Saint-Mandé organise la vente des livres et magazines qui ont été retirés des rayonnages.

Vous pourrez acquérir des ouvrages adultes et jeunesse, tous mis en vente entre 1€ et 3€ pièce.

Rendez-vous le vendredi 11 février 2011 de 14h à 19h dans l’espace de travail de la médiathèque (1er étage du centre culturel).

 

 

Une Cour des Miracles

Filed under: Détente — cgma @ 04:00
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Un article dédié à tous :  

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     les Courtauds de Boutange,
     les Capons,
     les Francs-mitoux,
     les Hubains,
     les Mercandiers,
     les Malingreux,
     les Millards,
     les Marjauds,
     les Narquois ou Drilles,
     les Orphelins,
     les Piètres,
     les Polissons,
     les Rifodés,
     les Coquillards,
     les Callots,
     les Cagous ou Archi-Suppots,
     enfin à tous les Sabouleux.
   

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Extrait du « Magasin Pittoresque »

1833 – Gallica

    « Cette Cour est située en une place d’une grandeur très considérable et en un très grand cul-de-sac puant, beaucoup irrégulier et qui n’est pas pavé. Pour y venir, il se faut souvent égarer dans de petites rues vilaines et détournées ; pour y entrer, il faut descendre une assez longue pente tortue, raboteuse et inégale. J’y ai vu une maison de boue à demi enterrée, toute chancelante de vieillesse et de pourriture, qui n’a pas quatre toises en carré, et où logent néanmoins plus de cinquante ménages, chargés d’une infinité de petits enfants légitimes, naturels ou dérobés. On m’a assuré qu’en cette Cour habitaient plus de cinq cents familles entassées les unes sur les autres. Elle était autre fois encore plus grande ; et là, on se nourrissait de brigandage, on s’engraissait dans l’oisiveté, dans la gourmandise, et dans toutes sortes de vices et de crimes. Là, sans aucun soin de l’avenir, chacun jouissait à son aise du présent, et mangeait le soir avec plaisir ce qu’avec bien de la peine et souvent avec bien des coups il avait gagné pendant le jour ; car on y appelait gagner ce qu’ailleurs on appelle dérober ; et c’était une des lois fondamentales de la Cour des Miracles, de ne rien garder pour le lendemain. Chacun y vivait dans une grande licence ; personne n’y avait ni foi ni loi. On n’y connaissait ni baptême, ni mariage, ni sacremens. »

   Il n’y a rien d’exagéré dans cette description de Sauval (vers 1660) ; c’est la vérité toute entière et toute nue ; on comptait douze Cours des Miracles dans Paris au commencement du dernier siècle, et on en trouvait une au moins dans chacune des grandes villes de France.

   Qui formait ce peuple à la fois si misérable et si favorisé, si pauvre et si riche, si puissant et si faible, si craintif et si redouté ; ce peuple qui se comptait par milliers, qui obéissait à un roi, qui avait ses lois, sa justice, sa moralité, et même ses exécutions sanglantes ? Ce peuple était si nombreux, qu’on avait été aussi forcé de le diviser en classes , qui toutes n’étaient pas également privilégiées. Ces classes, auxquelles nous laisserons les noms qu’elles portent dans la langue d’argot, étaient :

   Les Courtauds de Boutange, semi-mendians qui n’avaient le droit de mendier et de filouter que pendant l’hiver.

   Les Capons, chargés de mendier dans les cabarets et dans les lieux publics et de rassemblement, d’engager les passans au jeu en feignant de perdre leur argent contre quelques camarades à qui ils servaient de compères.

   Les Francs-mitoux, qui contrefaisaient les malades, et portaient l’art de se trouver mal dans les rues à un tel degré de perfection, qu’il trompaient même les médecins qui se présentaient pour les secourir.

   Les Hubains. Ils étaient tous porteurs d’un certificat constatant qu’ils avaient été guéris de la rage par l’intercession de Saint-Hubert, dont la puissance à cet égard était si grande, que, du temps de Henri Etienne, un moine ne craignait pas d’affirmer que si le Saint-Esprit était mordu par un chien enragé, il serait forcé de faire le pèlerinage de Saint-Hubert-des-Ardennes pour être guéri de la rage.

   Les Mercandiers. C’étaient ces grands pendards qui allaient d’ordinaire par les rues deux à deux, vêtus d’un bon pourpoint et de mauvaises chausses, criant qu’ils étaient de bons marchands ruinés par les guerres, par le feu ou par d’autres accidens.

   Les Malingreux. C’étaient encore des malades simulés, ils se disaient hydropiques, ou se couvraient les bras, les jambes et le corps d’ulcères factices. Ils demandaient l’aumône dans les églises, afin, disaient-ils, de réunir la petite somme nécessaire pour entreprendre le pèlerinage qui devait les guérir.

   Les Millards. Ils étaient munis d’un grand bissac dans lequel ils mettaient les provisions qu’arrachaient leurs importunités. C’étaient les pourvoyeurs le la société.

   Les Marjauds. C’étaient d’autres gueux dont les femmes se décoraient du titre de marquises.

   Les Narquois ou Drilles. Ils se recrutaient parmi les soldats, et demandaient, l’épée au côté, une aumône, qu’il pouvait être dangereux de leur refuser.

   Les Orphelins. C’étaient de jeunes garçons presque nus, chargés de paraître gelés et de trembler de froid même en été.

   Les Piètres. Ils contrefaisaient les estropiés, et marchaient toujours avec des béquilles.

   Les Polissons. Ils marchaient quatre à quatre, vêtus d’un pourpoint mais sans chemise, avec un chapeau sans fond et une bouteille sur le côté.

   Les Rifodés. Ceux-là étaient toujours accompagnés de femmes et d’enfans. Ils portaient un certificat qui attestait que le feu du ciel avait détruit leur maison, leur mobilier, qui, bien entendu, n’avaient jamais existé.

   Les Coquillards. C’étaient des pèlerins couverts de coquilles, qui demandaient l’aumône, afin, disaient-ils, de pouvoir continuer leur voyage.

   Les Callots étaient des espèces de pèlerins sédentaires, choisis parmi ceux qui avaient de belles chevelures, et qui passaient pour avoir été guéris de la teigne en se rendant à Flavigny, en Bourgogne, où sainte Reine opérait des prodiges.

   Les Cagous ou Archi-Suppots. On donnait ce nom aux professeurs chargés d’enseigner l’argot, et d’instruire les novices dans l’art de couper les bourses, de faire le mouchoir, de créer des plaies factices, etc.

   Enfin les Sabouleux. Ces mendians se roulaient à terre comme s’ils étaient épileptiques, et jetaient de l’écume au moyen d’un morceau de savon qu’ils gardaient dans la bouche.

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